27. Anonyme, Doryphore, copie romaine
d’un original grec créé par Polyclète,
vers 440 avant J.-C. Marbre, h : 196 cm.
The Minneapolis Institute of Arts,
Minneapolis (Etats-Unis).
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POLYCLETE (Exerça son activité au Ve siecle avant J.-C.)
Polyclète fut un contemporain de Phidias et, selon les Grecs eux-mêmes, son égal. Pour Ephèse, il réalisa la statue d’une Amazone considérée comme supérieure à l’Amazone de Phidias sculptée à la même époque. De plus, sa colossale Héra d’or et d’ivoire, située dans le temple près d’Argos, fut estimée digne de se mesurer au Zeus de Phidias. Un critique moderne ne priserait pas autant le talent de Polyclète pour l’équilibre, le rythme et la minutie du corps. Ceux-ci furent les plus grands mérites de ce sculpteur, mais ils nous séduisent moins qu’ils ne séduisirent les Grecs du Ve siècle avant J.-C. Il travailla principalement le bronze et sa carrière fut sans doute longue et prolifique. On peut admirer depuis longtemps des copies de son lanceur de javelot (Doryphore) et de son vainqueur attachant un ruban autour de sa tête (Diadumène (voir nos 29 et 32)) dans les galeries. Si elles sont précieuses, c’est principalement parce qu’elles révèlent les corps aux formes carrées que faisait poser Polyclète, et sa démarche, consistant à faire reposer le poids du corps (ainsi que le déclare Pline à son sujet) sur une seule jambe. On connaît également l’Amazone blessée à travers plusieurs copies. Ici, à nouveau, on retrouve une certaine lourdeur, et le caractère féminin de l’Amazone transparaît à peine dans ses membres robustes. Le chef-d’œuvre de Polyclète, sa statue d’Héra en or et en ivoire, a bien sûr complètement disparu. Les pièces de monnaie d’Argos se contentent d’en indiquer l’allure générale. Les critiques antiques reprochèrent à Polyclète le manque de diversité de ses œuvres. A l’exception de sa statue d’Héra, fruit de ses dernières années, il ne produisit presque aucune statue de divinité digne de ce nom. Son domaine était étroitement limité ; mais là, il était insurpassable. |