Léonard de Vinci et Andrea del Verrocchio, Le Baptême du Christ, 1470-1475. Huile et tempera sur panneau de bois, 177 x 151 cm. Galleria degli Uffizi, Florence.

Introduction

Pour toute l’économie européenne, la Renaissance est une époque primordiale. Au XVe siècle, les grandes familles d’Europe, comme les Médicis à Florence, participent activement au développement du commerce international. Et, conjointement à l’accroissement des richesses provenant du commerce, l’art connaît une nouvelle opulence, notamment grâce aux techniques et aux matériaux innovants dont il dispose. Dans les années 1440, Johannes Gutenberg élabore, en Europe, l’imprimerie typographique, un système d’impression plus efficace et meilleur marché que la xylographie. Parallèlement, les peintres se détournent de la peinture a tempera, faite à base d’œuf, au profit de la peinture à l’huile. Filippo Brunelleschi découvre les principes de la perspective, méthode révolutionnaire qui, simulant un espace tridimensionnel, permet de pallier le manque de relief des tableaux moyenâgeux. Puis, l’année 1452 donne naissance à celui qui, éternellement, incarnera l’homme de la Renaissance, l’humaniste, le savant et artiste au génie incomparable, Léonard de Vinci.

Le XVIe siècle marque l’apogée de la Renaissance. L’âge d’or débute avec la Réforme protestante, lorsque Martin Luther publie, en 1517, ses Quatre-Vingt-Quinze Thèses et que Jean Calvin tente de réformer officiellement l’Église catholique. Ces mouvements entraînent la fondation du protestantisme, qui met l’accent sur la foi personnelle plutôt que sur les doctrines ecclésiastiques. L’invention des caractères d’imprimerie mobiles par Gutenberg, au siècle précédent, ayant permit de rendre la Bible accessible à tous, la connaissance des Écritures constitue une particularité notoire de la Réforme protestante. Dans un même temps, au cours des années 1530, la Réforme anglaise, soutenue par le roi Henry VIII, amène également à la rupture avec le dogme romain, puis à la formation de l’Église d’Angleterre. Dans ce contexte tumultueux, l’Église catholique réagit en prenant des mesures extrêmes pour exercer un contrôle sur la foi, à travers le Saint-Office et l’Inquisition, et en réunissant le concile de Trente (1545-1563) qui institue la Contre-Réforme. De fait, l’art de la seconde moitié de la Renaissance est essentiellement marqué par ces bouleversements religieux qui finissent par mettre un terme définitif au maniérisme. Les pays du Nord embrassent un à un le protestantisme, le système du mécénat artistique s’en trouve modifié. Grâce aux richesses provenant du commerce mondial grandissant, une nouvelle classe de marchands, commandant toujours plus d’œuvres d’art séculières tant pour les églises que pour les maisons particulières, se développe. Les natures mortes et les paysages deviennent en vogue. À ceux-ci, avec la formation des guildes et des milices municipales, s’ajoute un marché nouveau du portrait de groupe. Tandis qu’au Nord, les principaux commanditaires d’œuvres sont des particuliers, ce qui instaure un rapport de force leur permettant d’imposer leurs sujets, en Italie, l’Église catholique reste encore le premier mécène de l’art. Comme elle le fait avec Raphaël, Botticelli ou encore Michel-Ange, elle continue à respecter sa tradition de soutien aux artistes. En France, le mécénat se fait encore au travers de la personne du roi. L’héritage de François Ier, par son style raffiné et son amour de la connaissance humaniste, connaît un rayonnement puissant. Ainsi a-t-il été généralement considéré comme l’incarnation de cette Renaissance.

Andrea Mantegna, Vierge à l’Enfant, dite Madone à la carrière, vers 1489. Tempera sur bois, 32 x 29,6 cm. Galleria degli Uffizi, Florence.